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Gaz de schiste en Tunisie : le scandale


La polémique suscitée par les projets de Shell d’extraction de gaz de schiste en Tunisie est en train de se transformer en scandale national.
Le gaz de schiste est un gaz d’origine naturelle piégé dans des roches poreuses (les schistes).
Le terme désigne à la fois la ressource naturelle et la technique non-conventionnelle utilisée pour l’extraire qui consiste à “injecter en grande quantité et à haute pression un liquide constitué d’eau, de produits chimiques et de sable”.
Les risques liés au gaz de schiste sont non maîtrisables et leurs conséquences inconnues à moyen terme. Malgré la controverse scientifique, les risques sont nombreux et considérables pour l’environnement et la santé. Ils sont d’ores et déjà observables dans les régions du monde qui exploitent le gaz de schiste. La technique en elle-même provoque des risques sismiques. Elle consomme aussi beaucoup d’eau d’où une menace pour les ressources hydrauliques dans un contexte global de rareté. Enfin, les produits chimiques injectés dans la roche sont toxiques et potentiellement cancérigènes et leur infiltration dans la nappe phréatique risque de contaminer l’eau que nous consommons. Ce qui représente donc un risque majeur pour notre santé.
Aujourd’hui le recours au gaz de schiste fait débat et divise le monde industrialisé. Face à cette technique à haut risque, le monde est partagé. En Europe, la France est à la tête des pays qui se sont déjà prononcés contre le gaz de schiste, interdit par une loi, en 2011, promulguée suite à d’énormes mobilisations populaires malgré le haut potentiel du sous-sol français et les besoins énergétiques importants de ce pays qui ne produit ni gaz, ni pétrole.
Outre-Atlantique la problématique est différente. Aux États-Unis, et dans une moindre mesure au Canada, l’exploitation du gaz de schiste est courante et profite déjà largement à l’industrie. Pour des raisons économiques (baisse du coût du gaz), mais également stratégiques, puisque le gaz de schiste représente 45% des approvisionnements gaziers des États-Unis. Cette nouvelle énergie est considérée comme une manne énergétique en mesure de répondre aux besoins sans cesse croissants des pays industrialisés. Cependant, face aux risques croissants observés, certains pays font marche arrière, comme le Québec qui vient de déclarer un moratoire sur l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste.
En Tunisie, le gouvernement ne semble pas s’inquiéter outre mesure des dangers du gaz de schiste. Et il vient de conclure, en toute discrétion, un accord de principe avec l’anglo-néerlandais Shell prévoyant l’exploration en 2013 du gaz de schiste dans 4 régions du pays (Kairouan, Sousse, El Jem et Sfax Nord). Le ministre de l’Industrie, Mohamed Lamine Chakhari, très enthousiaste à l’idée, n’a cessé de minimiser ses conséquences fâcheuses, et s’est même félicité des “négociations avancées” avec Shell “qui seront concrétisées par une signature prochaine”. Le principal argument du ministre est économique qui prétexte de l’épuisement de nos ressources en gaz et de l’envolée des coûts de l’énergie dans le monde.
On est en droit de s’interroger sur le zèle produit par le ministre de l’Industrie et son administration (la direction générale de l’énergie), qui s’évertuent à défendre becs et ongles le projet “gaz de schiste”, quotidiennement dans les médias. Dans ce domaine ils ont fait mieux que Shell lui-même dont les responsables ont été plutôt discrets sur cette affaire.
Les arguments de M. Chakhari et les errements du gouvernement dans ce dossier sont plutôt suspects et laissent planer un épais mystère sur une affaire du gaz de schiste en Tunisie qui vire au scandale national.
  • L’accord conclu avec Shell l’a été en catimini. Et aucun débat public n’a eu lieu sur le gaz de schiste et ses risques potentiels. En ajoutant que, contrairement aux pays qui utilisent déjà cette technologie, aucun cadre légal et institutionnel n’existe en Tunisie pour encadrer l’exploration, l’exploitation et les conséquences du gaz de schiste et éventuellement minimiser leurs risques. A titre d’exemple, les États-Unis disposent d’un arsenal juridique important et d’une puissante administration de l’énergie pour gérer la problématique du gaz de schiste et ses risques environnementaux et humains.
  • Alors pourquoi ce choix stratégique précipité ? Décidé sans débat public et en l’absence des préalables nécessaires : formation des administrations concernées (ministère de l’Environnement, Entreprise tunisienne des activités pétrolières - Etap, direction générale de l’énergie), cadre juridique et fiscal ?
  • Et pourquoi se précipiter sur cette bombe à retardement alors que la Tunisie est déjà engagée dans un grand projet de production de gaz par des méthodes conventionnelles qui pourrait garantir au pays son autosuffisance en gaz ? Contrairement aux affirmations de M. Chakhari sur l’épuisement prochain de nos ressources en gaz. Ce projet a été lancé dans le Sud tunisien et associe l’Etap, l’Autrichien OMV et l’italien Eni.
  • L’affaire du gaz de schiste a déjà fait des remous. Le directeur de l’exploration de l’ETAP (représentant des intérêts nationaux dans l’énergie et partie prenante dans les projets d’exploration) a déjà démissionné en guise de protestation contre les projets du gouvernement dans le gaz de schiste. Démission reconnue par PDG de l’Etap en personne dans le journal Al Mousawer du 24 septembre 2012. Depuis, et selon nos informations, Shell fait du forcing et négocie directement avec le service juridique de l’Etap pour faire avancer le dossier alors que ce dernier n’a aucune compétence en la matière.
  • Et si le gouvernement veut vraiment développer le gaz de schiste en Tunisie, pourquoi ne pas ouvrir le marché aux autres opérateurs au lieu de négocier secrètement avec Shell ? La démarche atypique du gouvernement donne l’impression qu’il veut réserver rapidement l’exclusivité de l’exploitation du gaz de schiste à la multinationale anglo-néerlandaise.
  • Dernières révélations sur cette affaire, celles du PDG de l’Etap qui, dans une tentative de minimiser les dangers du gaz de schiste, a déclaré que cette technique a déjà été utilisée en Tunisie et qu’il n’est pas au courant de ses dangers potentiels. Déclaration immédiatement démentie par la représentante du ministère de l’Environnement qui affirme n’avoir accordé aucune autorisation de forage pour le gaz de schiste.
La société civile n’est pas restée les bras croisés face au scandale du gaz de schiste. L’association tunisienne de la transparence dans l’énergie et les mines (ATTEM) est montée au créneau pourdénoncer cette “manipulation” et exige du gouvernement des “explications” sur sa démarche improvisée et “l’absence de cadre juridique et fiscal”. Pour l’ATTEM la gestion par le gouvernement l’affaire du gaz de schiste n’est qu’un dysfonctionnement parmi d’autres dans le secteur éminemment stratégique de l’énergie et des mines. L’association veut aller plus loin et demande une “restructuration du secteur” et un “dialogue sérieux sur ses choix stratégiques” qui passent inéluctablement par le “traitement des dossiers de corruption dans le secteur” et l’instauration de “la transparence” et des règles de “bonne gouvernance”.
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Crédit photo : AFP - Le Monde
Webdo, le 26 septembre 2012

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