La blogosphère s'agite souvent mais réfléchit aussi. En
jeu, notre révolution culturelle et un essai d'une sociologie du débat en Tunisie.
"2,83 millions
d'utilisateurs de l'Internet en Tunisie, 8,59 millions d'abonnés à la téléphonie
mobile, 6758 sites tunisiens…" Selon les chiffres officiels, notre
pays est confortablement installé dans l'ère de la révolution numérique,
constate le blog Histoires ordinaires.
Mais a-t-il fait pour autant sa révolution culturelle ? s'interroge-t-il. Par
analogie, le blog rappelle que l'avènement de l'imprimerie en Europe au XVème
siècle a été le prélude à "une
renaissance culturelle globale" en Europe. En démocratisant l'accès à
l'écrit, favorisant l'essor de la philosophie et des lettres et la diffusion de
la connaissance et la formation de la pensée critique, cette invention a remis
en cause le dogme de l'Eglise et son monopole sur les consciences et a conduit
à une "grande révolution culturelle
en Europe et dans le monde" qui a "détruit tous les rêves de domination de l'Eglise dans la société".
"Qu'en est-il de notre société ?", s'interroge le blog. "Quelle est l'influence sur la société de
'notre" révolution numérique ?" poursuit-il ? "Est-elle en train de favoriser la créativité
dans les arts et la littérature ? De développer les capacités intellectuelles
et critiques de créateur ? De contrecarrer l'invasion culturelle des ténèbres
et de la culture de la peur, de la censure et de la répression ?" Cette
"révolution" a-t-elle permis
"l'amélioration du niveau moral et
culturel de la société et le nivellement par le haut des médias et le respect
de la liberté d'expression ?" Que d'interrogations accompagnées, avoue
le blog, de "beaucoup de frustrations
et de pessimisme…"
Histoires ordinaires
http://dovitch.blogspot.com
En détournant l'intitulé de la célèbre émission de
télé-réalité, Andi Ma Nkollek, diffusée
sur notre télévision publique, Errances
pose la problématique du débat dans la société tunisienne. Le blog note que le
tunisien exprime au quotidien un réel besoin de débat. Sa "soif (…) pour parler, s’exprimer, écouter,
convaincre" est clairement palpable. Ses intentions en la matière sont
"noble(s) et louable(s)".
Mais le tunisien est-il "vraiment
prêt pour débattre" ?, se demande le blog. Le débat consacre la "différence" et la "divergence d'opinions" et "abhorre l'unanimité (et) la concordance",
rappelle-t-il. L'unanimisme de "départ vide donc débat de tout "sens" prévient-il. La société
tunisienne est marquée par la pluralité des idées, à l'instar des "autres sociétés qu’elles soient occidentales
ou orientales", constate le blog. Et l'éventail des opinions et des
tendances dans notre société est large, précise-t-il, qui est composé "de gauchistes, de fondamentalistes, de rcdistes,
d’anarchistes, de progressistes, de jusqu’au-boutistes, de khobsistes, de
mauvistes, de hitistes, de clubistes, d’espérantistes, …", "voire même d’autistes",
ironise-t-il. Mais le tunisien possède sa propre conception du débat, estime le
blog, qui s'apparente plutôt au "contentieux
(ou au) conflit". Le tunisien "confond tribune et tribunal" et "la présence d'un arbitre" est nécessaire pour que le "débat tunisien" ait lieu. En somme,
la culture du débat fait défaut au tunisien qui prend "sa vérité pour 'LA vérité'" et
enfonce ainsi le débat dans l'impasse d'"un dialogue de sourds". Cet "ostracisme", que relève le blog, condamne les tunisiens à
"se cloitrer dans un ghetto"
où "l’on ne se mélange qu’avec ses
semblables idéologiques" mais "est-ce que c’est comme ça qu’on va pouvoir avancer ?" se
demande le blog. Et au blog de conclure au nécessaire "apprentissage" du débat chez les
tunisiens. Mais les idées ne suffisent par, rappelle-t-il, le "courage" et la "capacité d'écouter" sont aussi
nécessaires pour sortir de l'auberge.
Errances http://je-peux-dire-une-connerie.blogspot.com
Hédi Ben Smail
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