L'affaire du gaz de schiste en Tunisie n'en finit pas de susciter des remous. Et ce n'est plus seulement la "propreté" de la technique utilisée pour extraire cette énergie controversée qui pose problème aujourd’hui. C'est la crédibilité de Shell lui-même qui est en cause. Principal accusé : le Tunisien Mounir Bouaziz, vice-président de Shell pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord.
M. Bouaziz est le personnage clé de la négociation entre le gouvernement tunisien et la multinationale anglo-néérlandaise dans l'exploitation du gaz de schiste dans notre pays. C'est lui qui a été reçu à la Kasba par le chef du gouvernement Hamadi Jebali pour lui présenter les plans de Shell en Tunisie en matière de gaz de schiste. En somme, M. Bouaziz est "Monsieur Shell en Tunisie".
Hier soir, pendant l'émission "9h du soir" sur Ettounissya TV qui a été consacrée en partie à la polémique sur le gaz de schiste en Tunisie, M. Bouaziz, en bon lobbyiste, est apparu à l'écran pour tenter de rassurer les Tunisiens sur le bien-fondé de la démarche de Shell. Avec un discours visiblement bien rôdé, il a mis en avant les "bénéfices" de cette énergie et promis des milliers d'emplois aux Tunisiens dans le cadre de ce projet. Il s'est même permis d'affirmer que Shell est un protecteur de l'environnement ! Minimisant les dangers de la technique extrêmement controversée de fracturation de la roche pour extraire le gaz et le fait qu'elle provoque potentiellement des tremblements de terre, M. Bouaziz n'a pas nié et renvoyé froidement l'argument au journaliste en affirmant que les secousses telluriques provoquées par un forage sont "comparables au bruit d'un camion qui passe devant chez soi".
Souriant et la mine enjouée, M. Bouaziz cache une autre facette inconnue à l'opinion publique tunisienne. Selon le très sérieux royaldutchshellplc.com, M. Bouaziz traîne avec lui des affaires de corruption au sein du géant des hydrocarbures. Le site spécialisé va plus loin en qualifiant M. Bouaziz, de "vice-président de Shell des affaires avec le dictateur libyen Kadhafi, le gouvernement irakien corrompu et un dictateur africain corrompu".
Mais venons-en aux faits. En 1993, lorsqu'il travaillait pour le compte de Shell au Gabon, M. Bouaziz a fait l'objet d'une enquête concernant ses relations troubles avec Samuel Dossou-Aworet, un proche du président gabonais défunt Omar Bongo dans le cadre de la fameuse affaire de corruption "Elf". Les transactions douteuses de M. Bouaziz ont été étouffées par Harry Roels, son mentor et haut dirigeant chez Shell, dans le but de protéger les investissements de la multinationale au Gabon. Toujours selon royaldutchshellplc.com, en guise de remerciement pour "services rendus" à la firme, M. Bouaziz a été ensuite nommé à son poste actuel suite à une restructuration de l'entreprise.
Une technique qui risque de mettre en danger la vie des Tunisiens, des partenaires douteux et accusés de corruption, le gouvernement tunisien s'enlise doucement dans cette affaire de gaz de schiste qui nous apporte chaque jour de nouvelles révélations promettant de faire éclater bientôt une vraie affaire d'Etat.
Webdo, le 13 novembre 2012
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